La lathorie, région glaciale où vivait les thériantrophes du clan nordique. Où ils se terraient aurait sans doute était un terme plus juste d'ailleurs. Mais c'était une région magnifique, et son potentiel, si il était utilisé, immense. Les montagnes s'élevaient dans le lointain, sculptures audacieuses frôlant la voûte nuageuse des cieux. Il ne neigeait pas en cette journée et le soleil filtrait au travers du manteau lourd comme du plomb en un scintillement occasionnel qui donnait une nouvelle perspective au paysage de velours pâle qui filait à perte de vue, vaste océan froid mais ne recelant pas moins la vie. Les arbres épars étaient couvert d'un épais manteau neigeux mais laissaient encore distinguer le vert de leur aiguilles en dessous, comme un bref aperçu d'été en plein cœur du gel. Après la tempête qu'ils avaient essuyés quelques jours auparavant le campement de la baie avait été plié et rangé. On protégeait les objets et les réserves autant que les hommes, ils avaient beaux êtres riches il ne fallait pas non plus trop en faire.. tout cela coûtait énormément. Quand à la nourriture... et bien il fallait, de même, conserver au maximum celle qui était contenue dans les tonneaux de salières. Les chasseurs devaient donc parcoururent la campagne à la recherche d'animaux susceptibles de fournir un peu de viande fraîche au Silence. Par équipes de quatre ils arpentaient les alentours sur les montures qu'on leur avait offertes, ou qu'ils avaient achetés bien entendu. Malheureusement ils n'étaient pas aussi habitués à la région que les thériantrophes qui y vivaient et manquaient souvent les occasions que la nature leur offrait. L'un de ces groupes, conduit par Näalhia, s'aventura même davantage dans les terres. Tant et si bien d'ailleurs que les hommes l'accompagnant perçurent le tintamarre provoquer par un certain voyageur et, curieux, changèrent de route pour trouver la source d'un tel vacarme dans ces terres de velours silencieuses.

Qui était donc ce malotru qui brisait la paix de ces lieux ? Ils ne le connaissaient pas, et il n'avait d'autres marque distinctives qu'un pistolet à une balle. Un pirate, donc ? Peut-être ou peut-être pas. Posséder un pistolet pareil ne signifiait que peu de chose en soit. Certains forbans troquaient ces armes à la première occasion. Ne s'étant pas montrer ils se concertèrent d'un bref regard puis la jeune femme chuchota à voix basse quelques mots. Les deux cavaliers de tête surgirent au galop et, passant devant lui, l’assommèrent proprement avant de l'empaqueter et de le jeter sur le dos de l'un de leur montures. Ils prirent également les cadavres des loups qui, au final, représentaient quand même une prise, aussi maigre soit-elle. Ils rentrèrent donc à la baie du frisson où ils déposèrent les armes, montures et gibiers, laissant le soin à leur compagnons de s'en occuper. Agrippant fermement le paquet qu'était l'inconnu ils l'emmenèrent sur le Silence et le jetèrent là avant de retirer le sac qui lui cachait la vue. Arrennad et plusieurs autres pirates étaient penchés sur des cartes et des lettres provenant de divers membres de l'alliance. Il fallait planifier les attaques et mouvement de groupes après tout, cela ne se faisait pas en claquant des doigts aussi avait-il réunit ses plus fidèles marins pour l'aider à trouver une solution qui conviendrait à tous. Daemon, à ses cotés, faisait des suggestions, parfois pertinentes et parfois simplement pour s'amuser. Mais lorsque les chasseurs amenèrent leur invités il tourna la tête et observa l'inconnu d'un œil d'acier froid et légèrement irrité d'être ainsi outrageusement interrompu dans une discussion de première importance. Captant l'odeur animal qui se dégageait de l'homme il se détourna des autres et s'avança, bras croisés, pour le jauger de plus près.

« Capitaine, on a trouvé ce truc dans les bois, il faisait un boucan monstrueux. Ouai et on a trouvé ça sur lui » Il tendit le pistolet à une balle qu'ils avaient chipés à son propriétaire en le ligotant. Arren le prit et l'observa d'un air critique, lèvres pincées en une expression à la fois hautaine et surtout pas le moins du monde convaincu. Il rendit ensuite l'arme au marin qui la lui avait tendu et regarda l'inconnu une nouvelle fois «  Vous allez me dire qu'en partant à la chasse vous avez, comme par hasard, trouvé un pirate en pleine nature, loin des côtes et de tout navire potentiel... dites moi vous me prenez vraiment pour un imbécile ? » La question eut un effet refroidissant sur les chasseurs qui tentèrent maladroitement de s'expliquer avec plus de rigueur. Ce fut finalement Näahlia qui, les prenant en pitié, vint expliquer à son père de quoi il retournait exactement. Il eut alors un vague sourire et releva l'inconnu d'une main amicale. «  Alors mon gars, qu'est ce qui t’amène par ici ? »