Les roues du carrosse craquaient sur les larges pavés de la grande route. L'air était lourd et la brume funeste rendait la visibilité médiocre. Seul l'ombre des arbres permettaient au fiacre de ne pas sortir de la route. Le silence mortuaire rendait les chevaux nerveux. Hennissant et claquant de leurs sabot tel des messagers de désolation.
A l'intérieur Jön ne dit pas un mot. Il savait ce qu'il l'attendait au bout de ce trajet. Il regarda son père d'un regard désespéré, mais il n'y eu pas d'échange. Avait-il des remords ? Ou bien n'a t'il pas le courage de le regarder en face ? Il n'y aura jamais de réponse a ces questions. Seul le souvenir de ces maigres années passé en compagnie de sa mère resterons dans sa mémoire. Jön essayait de s'imprégner le plus possible de l'image de son doux visage, de son parfum suave, de sa voix très claire. Il gravait ces moments heureux dans son esprit, car il savait qu'il ne la reverrait jamais plus.
Soudain, le véhicule s'arrêta net.


« Nous y somme mon seigneur ! »

La porte s'ouvrit soudainement et apparu la terrifiante face du cocher. L'homme à tout faire de son père. Une créature bossu, d'une laideur épouvantable. Petit de taille et physiquement déformé, son nez était tordu, certaine de ses dents pointu sortait de sa bouche et ses yeux envoyé une aura malsaine. Son ton vulgaire, son humour douteux et ses manières de lèche-botte fessait de lui tout ce que Jön n'aimait pas.
Sortant du carrosse, Jön ne pouvait éviter d'échanger un regard remplit de haine avec la « gargouille » comme il l'appelait.


« Nous n'en avons pas pour longtemps, remonte donc sur ta vilaine chariote, ton faciès m'incommode ! » dit son père dégoutté par tant de difformité.

Au plus grand étonnement de Jön, ils furent au milieu de nulle part.
Sur la route pavé, le froid envahit son corps seulement recouvert de vêtement léger. Dans cette brume épaisse régnait une mélancolie palpable, emprunt de craintes.
Ils se regardèrent dans les yeux, pour la première depuis le long trajet, pendant un long moment. Un dernier échange en signe d'adieu sans doute. Les larmes vinrent aux yeux du petit Jön. Il savait que son père allait l'abandonner ici, dans la fraîcheur d'un pays qu'il ne connaissait pas. Pourtant, il ne comprenait toujours pas pourquoi il fessait cela. Il était angoissé. La peur de mourir fessait trembler son corps d'enfant.


« A partir de maintenant je ne suis plus ton père. Oublie mon visage et mon nom si tu les à un jour connu. Efface de ta mémoire toutes choses de ta naissance, car je t'offre aujourd'hui une nouvelle chance."

« Mais... »

« Estime toi heureux que ma clémence m'interdise de te prendre la vie ! »

Ses quelques mots provoqua un choc profond dans le coeur de Jön. Des paroles cruels, qui plus est quand ils sont destinées à un enfant. L'incompréhension régnait dans son esprit. Certes, il ne le voyait pas souvent, mais comme je présume, tous les enfants, il idolâtrait son père. Le monde qu'il avait connu s'écroulait en quelques instants.
Paralysé, apeurer il ne pue dire un mot en gage de réponse. Qu'allait-il advenir de lui ici ? Sur ce chemin, dans cette brume, abritant sans nul doute des bêtes sauvages. Que doit-il faire maintenant ? Perdu, sans repères...
Sans attendre plus longtemps, le père tourna les talons sans remords à la suite de la sentence prononcer. Laissant Jön dans son chagrin. Seul.


« Pauvre petit bâtard ! » lança la gargouille d'un ton railleur.

Le traumatisme fut violent. Les larmes perlèrent sur les joue de Jön. Dans son esprit quelques choses se brisa. L'innocence de l'enfance disparue à mesure que le fiacre disparaissait du champ de vision. Il ressentait petit a petit une profonde amertume et un dégoût. Amer d'avoir été abandonné, d'être obligé de ce trainer tel un chien errant. Sans but précis, sans savoir ce qu'il aller advenir de lui. Avançant a tâtons dans ce mur opaque de brume, sa colère ne fessait que grandir, que murir. Il savait pourtant au moment du départ que ce serais un voyage sans retour, a la vue du chagrin de sa mère, a la vitesse de son pou quand elle le pris pour la dernière fois dans ses bras. Cependant, il ne se doutait pas du degrés de souffrance qu'il allait endurer.
Au fur et à mesure qu'il progressait dans la pénombre le brouillard se dissipait, tout comme sa vie passée. Il ne s'en doutait pas encore, mais il était dans la lande, une terre sacré formant de redoutable guerriers. Marchant a pas lent, il pouvait ici devenir quelqu'un, quelqu'un de fort. Un guerrier de la brume. Reverra-t-il un jour sa douce mère ? Se vengera t'il de son père et de la gargouille ? Seul l'avenir nous le dira.